Promesses et soupirs La dot et les fiançailles en Thaïlande

«Le jour où dans le monde il n’y aura pas de différences, ce sera la fin de tous» Lao Tseu, Tao The Ching

Comme je l’ai souvent souligné, l’aspect le plus fascinant de la vie en Thaïlande consiste pour moi dans les différences, parfois profondes, entre les cultures thaïlandaise et occidentale.

Dans nos pays, par exemple, dans un passé très récent, il était habituel pour la femme d’apporter une dot, une
sorte de cadeau, une contribution à la vie future du nouveau couple.

En Thaïlande plutôt que la dot (la richesse transférée de la famille de la mariée à la famille du marié), nous trouvons le concept connexe du prix de l’épouse. Alors que le prix de l’épouse, le «Kah Sinsod», est un paiement par le marié, ou sa famille, aux parents de la mariée, la dot est la richesse transférée de la famille de l’épouse au marié ou à sa famille.

Le prix de la mariée n’est pas simplement une sorte de compensation dûe à la famille de la mariée pour la «perte» de la jeune fille qui s’en va vers le bonheur, il a une signification beaucoup plus profonde : c’est un acte de respect, une sorte de garantie, et permettez-moi de le dire, une démonstration d’amour qui s’étend de la mariée à sa famille.

Le prix de la mariée (ou mieux le «Kah Sinsod») est une tradition souvent mal comprise par les étrangers vivant en Thaïlande : ceux-là confondent une tradition profondément enracinée, avec une sorte de commercialisation de la mariée, sinon même une tentative d’exploiter le marié étranger ! Rien ne saurait être plus faux : d’abord, tout le monde est encore aujourd’hui en mesure de payer le Kah Sinsod, en particulier dans la Thaïlande rurale; deuxièmement, le prix de la mariée n’est pas du tout une commercialisation du mariage, c’est plutôt un acte d’appréciation de la
mariée et de sa famille. Comme dit un ancien proverbe thaïlandais : «un prix radin (kah sinsod kiniao) apporte une maigre femme»

J’ai personnellement rencontré de nombreux étrangers, mariés à des femmes thaï- landaises, se vantant fièrement de n’avoir rien payé pour leurs femmes : un très mauvais début pour un mariage en Thaïlande ! À leur place, un homme thaïlandais se sentirait très humilié de n’avoir pas été en mesure de donner un «meilleur prix». J’ai rencontré
de nombreux Thaïlandais si désespérés de ne pas avoir les fonds suffisants pour le Kah Sinsod qu’ils m’ont vraiment ému !

Mais … voyons ce que dit la loi :

L’Article 1437 du Code Civil et Commercial thaïlandais précise que le «Sinsod» est la propriété donnée par l’homme aux parents, ou au gardien de la femme, selon le cas, en échange du consentement de celle-ci à se marier. Si le mariage ne se produit pas, du fait de la femme, ou à cause de circonstances imputables à la femme, et rendent le mariage inadapté à l’homme, ou rendent l’homme incapable de se marier avec cette femme, l’homme peut demander le remboursement du Sinsod…

Mais faites attention, le Kah Sinsod ne doit pas être confondu avec les fiançailles (la promesse de mariage) : l’étendue de la loi va beaucoup plus loin. Comme on peut le lire dans l’article 1438, les fian- çailles ne sont pas, auprès du tribunal, l’obligation du mariage… …l’accord de payer une pénalité en cas de violation du contrat de fiançailles sera nul… mais… (article 1439) lorsque les fiançailles ont eu lieu, si l’une ou l’autre des parties commet une infraction à l’accord de fiançailles, cette partie est tenue de verser une indemnité. Dans le cas où une femme commet une infraction à l’accord de fiançailles, le don de fian- çailles doit également être reversé à l’homme.

Une indemnité peut être demandée pour les causes suivantes :
• Pour les blessures causées au corps ou à la réputation de l’homme ou de la femme;
• Pour les dépenses appropriées ou la dette contractée de bonne foi par la/le fiancé/e, ses parents ou une personne agissant en qualité de père ou mère en préparation du mariage;
• Pour les dommages subis par l’homme ou la femme en prenant les mesures appropriées affectant ses biens ou autres affaires relatives à sa profession ou à son salaire dans l’attente du mariage.

En outre (articles 1443) : Dans les cas où un événement significatif causé par la femme rendrait le mariage inadéquat pour l’homme, celui-ci aura le droit de résilier l’accord de parrainage et la femme doit retourner le cadeau de fiançailles à l’homme. D’autre part … Dans les cas où il y a un événement significatif causé par l’homme qui rend le mariage inadapté à la femme, la femme a le droit de mettre fin à l’accord de fiançailles et le don de fiançailles ne doit pas être renvoyé à l’homme (!)

Enfin, conformément à l’article 1444 : renoncer à l’accord de fiançailles est une faute grave. Le (ou la) fiancé(e) qui commet cette faute est tenu(e) de verser une indemnité à l’autre partie fiançailles, qui exercercera son droit d’exiger le respect du contrat de fian- çailles, comme si l’accord avait été violé.

Je ne peux conclure cet article qu’en citant la réponse de mon ami «just married» quand je lui ai demandé comment il avait trouvé le mariage… «Tu sais quoi ? Je suis tellement heureux… que si je l’avais su avant, je ne me serais jamais fiancé… je me serais marié directement !»

Dr. Carlo Ciambrelli

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